Depuis le début de l’année 2025, la suppression du dispositif Jeune Docteur (JD-CIR) du Crédit d’Impôt Recherche (CIR) a profondément bouleversé le paysage de la recherche et de l’innovation en France, un changement qui ne passe pas inaperçu. Une étude exploratoire publiée par le collectif JDCIR en juillet 2025 met en lumière ses effets immédiats, mais également ses risques à moyen terme pour l’écosystème entrepreneurial et scientifique.
Des recrutements en chute libre
Un coup dur pour la stratégie d’innovation
Qu’en pensent les jeunes docteurs et les chercheurs ?
Des recommandations pour limiter la casse
L’enquête, qui a recueilli la parole de plus de 480 acteurs du secteur — entreprises, startups, chercheurs, investisseurs — montre que la fin du JD-CIR a un impact immédiat et massif : les recrutements de docteurs en industrie ont chuté de façon spectaculaire. Plus de 80 % des entreprises interrogées indiquent avoir revu à la baisse leurs prévisions de recrutement scientifique, une tendance particulièrement marquée dans les startups deeptech, qui s’appuyaient fortement sur ce levier fiscal pour attirer les profils hautement qualifiés.
Près de la moitié de ces acteurs anticipent désormais ne plus prévoir de nouveaux recrutements de docteurs dans un avenir proche, contre près de 90 % avant l’arrêt du dispositif. La baisse des intentions de recrutement est corroborée par les données obtenues lors de l’enquête (pages 8-10, figures H1.1 et H2.2).
Les structures, notamment dans la deeptech, tentent de compenser cette perte en recrutant des profils moins spécialisés, tels que des ingénieurs ou détenteurs de masters, mais ces profils ne permettent pas de maintenir le même niveau d’expertise scientifique ou de séniorité, ce qui pourrait limiter la capacité d’innovation de ces entreprises.
Au-delà du volume de recrutements, c’est tout le socle de la stratégie d’innovation qui est fragilisé. La suppression du JD-CIR est perçue comme une défaite majeure, surtout pour les startups en phase d’amorçage, qui dépendent fortement de cet incitatif fiscal pour financer leurs activités de R&D et attirer des talents de haut niveau en France.
Les acteurs évoquent une réduction notable des collaborations avec la recherche publique : plus de 80 % des entreprises interrogées déclarent une baisse de leurs initiatives collaboratives et de leurs levées de fonds dans le secteur. La recherche appliquée et le transfert technologique, clés pour la technologie de rupture, risquent d’en pâtir dans un contexte où les investissements dans la R&D ont déjà diminué.
Les jeunes docteurs ressentent fortement cette change. Selon l’enquête, 70,8 % d’entre eux estiment que leurs chances de trouver un emploi dans le secteur privé en France ont diminué depuis la disparition du dispositif. Beaucoup envisagent déjà de se tourner vers la recherche publique ou à l’étranger — notamment aux États-Unis, où la demande pour profils chercheurs reste élevée. La fuite potentielle de talents constitue une menace sérieuse pour la compétitivité française.
Concernant la recherche publique, l’impact est moins direct, mais la baisse globale des opportunités de carrière, couplée à la diminution des projets et financements, alimente un climat d’incertitude dans la communauté scientifique.
Face à cette situation alarmante, l’étude propose plusieurs recommandations pour atténuer l’impact de la suppression du JD-CIR :
L’arrêt brutal du dispositif Jeune Docteur envoie un signal inquiétant à l’écosystème de l’innovation français. Les premières répercussions sont déjà visibles à travers la baisse des recrutements, la fragilisation des stratégies R&D, et la diminution des collaborations avec la recherche publique.
Ces tendances risquent de freiner le développement des innovations de rupture, de compromettre la compétitivité des startups deeptech, et d’aggraver la fuite des talents. La France doit rapidement repenser sa politique d’incitation à l’embauche de docteurs pour préserver sa place dans la course mondiale à l’innovation.