La situation professionnelle des docteurs en France : un portrait en chiffres et tendances

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Le marché du travail des docteurs en France affiche globalement une forte stabilité à trois ans de leur diplomation, avec un taux d’insertion dépassant les 94 %. Toutefois, cette excellence masque des disparités selon la discipline, la nationalité ou le genre, révélant des inégalités persistantes. À travers une analyse chiffrée issue de l’enquête IPDoc 2023, cet article décrypte les profils, parcours et enjeux des docteurs diplômés en 2020, en mettant en lumière les points forts et les zones d’amélioration pour l’avenir de la recherche et de l’emploi doctoral en France.


Une insertion globalement forte, freinée par des écarts disciplinaires

Les inégalités de genre persistantes

Les docteurs étrangers, un atout pour la recherche française

La discipline : un facteur déterminant des conditions d’emploi


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Une insertion globalement forte, freinée par des écarts disciplinaires

Les données montrent qu’environ 94 % des docteurs en France, trois ans après leur soutenance, sont insérés dans l’emploi, un chiffre en hausse de 5 points par rapport à un an après la soutenance [Figure 1]. Cette forte intégration témoigne de la reconnaissance du doctorat comme qualification valorisée sur le marché du travail. Cependant, cette tendance globale doit être nuancée selon la discipline. La figure 2 illustre que trois ans après la soutenance, plus de 94% des docteurs en sciences exactes et applications sont insérés dans l’emploi, tandis que ce taux est légèrement inférieur dans les sciences humaines et humanités, à environ 93%. Cette divergence traduit la demande plus forte dans certains secteurs, notamment ceux liés à la recherche et à l’industrie technologique ou médicale.

             

Les inégalités de genre persistantes

Les analyses montrent que les conditions d’emploi diffèrent notablement selon le genre. Ainsi, bien que les deux sexes aient connu une progression similaire (+5 points pour les femmes et +4 pour les hommes entre 2021 et 2023), les hommes bénéficient de conditions d’emploi plus avantageuses, notamment un taux d’emploi stable de 78 %, contre 74 % pour les femmes. 

De plus, les hommes occupent légèrement plus souvent des postes de cadre (94,4% contre 93,4% pour les femmes). La figure 3 relative à la proportion de femmes parmi les docteurs en emploi montre que 43,5 % des docteurs en 2020 sont des femmes, indiquant une sous-représentation qui limite leur accès aux carrières les plus stables et valorisées dans le secteur de la recherche.

Les docteurs étrangers, un atout pour la recherche française

L’intégration des docteurs étrangers diplômés en 2020 est particulièrement notable : 57 % d’entre eux occupent un emploi en France en 2023, avec une forte présence dans le secteur privé (54 %) [Figure 4]. Leur profil montre une meilleure insertion dans la recherche privée (34,6 %), contribuant ainsi à la vitalité de l’écosystème scientifique français. Pourtant, leur accès à un emploi stable demeure légèrement inférieur à celui des docteurs français (80 % versus 84 %), ce qui souligne un enjeu d’intégration durable et d’attractivité à long terme.

La discipline : un facteur déterminant des conditions d’emploi

L’influence de la discipline sur l’insertion et la stabilité est flagrante. La figure 5 met en évidence que trois ans après leur diplôme, 74 % des docteurs travaillent dans la recherche publique ou privée, avec une stabilité d’emploi plus faible dans les sciences du vivant (64 %) que dans les sciences exactes (80 %). La proportion de docteurs en emploi stable, leur rémunération et leur évolution de carrière divergent fortement en fonction de leur spécialité. Ces écarts soulignent la nécessité d’adapter les politiques de soutien et d’accompagnement à la diversité disciplinaire des doctorants.

En résumé, si l’insertion professionnelle des docteurs en France demeure un point fort, la segmentation par discipline, genre et nationalité montre des inégalités qu’il faut continuer à combattre. La croissance constante des taux d’emploi doit être accompagnée d’efforts pour promouvoir l’égalité, la stabilité, et la reconnaissance de la diversité des parcours doctoraux. Ces chiffres issus de l’enquête IPDoc 2023 offrent une base solide pour orienter stratégies et politiques publiques en faveur de l’attractivité et de la valorisation du doctorat.