Pérennisé en 2025 après trois années d’expérimentation, le dispositif COFRA (Conventions de Formation par la Recherche en Administration) permet à des doctorants de mener leur thèse au sein d’une administration publique, tout en collaborant avec un laboratoire académique.
À l’occasion de l’interview donnée par Sylvie Pommier, coordinatrice du doctorat au MESR, l’ABG vous propose une synthèse claire et actualisée du dispositif COFRA.
Un nouveau modèle de thèse partenariale à la croisée de la recherche et de l’action publique, pensé pour faire entrer la recherche au cœur de la transformation de l’État.
Un dispositif au service de la transformation publique
Un cadre consolidé et désormais pérenne
Deux formules contractuelles au choix
Une labellisation gérée par l’ANRT
Un accompagnement structuré pour les doctorants COFRA
Pourquoi la thèse COFRA change-t-elle la donne ?
Lancé à titre expérimental en 2022, le programme COFRA a été conçu pour rapprocher durablement le monde académique et l’administration publique. Son objectif : intégrer la recherche au cœur de la conception et de la mise en œuvre des politiques publiques. En juillet 2025, le MESR en a annoncé la pérennisation, confirmant la réussite de l’expérimentation initiale : plus de trente projets de thèse menés dans des ministères et services de l’État, sur des thématiques aussi variées que l’innovation agricole, la commande publique durable ou l’usage de l’intelligence artificielle pour la gestion de données sensibles.
Ce dispositif, pensé dès le départ comme un levier de transformation publique, s’adresse à des doctorants qui souhaitent mettre leurs compétences scientifiques au service de l’intérêt général. Il constitue aussi une opportunité pour les administrations, qui peuvent bénéficier d’un regard neuf, ancré dans la méthode et la rigueur de la recherche, sur leurs chantiers stratégiques.
— Sylvie Pommier, MESR, entretien du 5 novembre 2025
Fort de ses premiers succès, le dispositif COFRA devient aujourd’hui un dispositif institutionnalisé. Sa gestion opérationnelle est confiée à l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT), déjà responsable du programme CIFRE qui relie le monde académique à l’entreprise. Ce choix assure la continuité d’un modèle de partenariat éprouvé entre les milieux de la recherche et les acteurs socio-économiques — ici transposé au secteur public.
Le MESR conserve la coordination du programme et définit les orientations stratégiques, tandis que l’ANRT assure l’instruction, la labellisation et le suivi des thèses. Cette articulation garantit une qualité scientifique et institutionnelle élevée, et une meilleure visibilité du dispositif auprès des laboratoires et des administrations d’accueil.
Les administrations éligibles relèvent de la fonction publique d’État : ministères, rectorats, préfectures, autorités administratives indépendantes, établissements publics administratifs ou agences nationales.
Le programme COFRA offre deux voies de recrutement possibles pour le doctorant ou la doctorante :
Dans les deux cas, une convention tripartite (administration, établissement, ANRT) définit les modalités du partenariat : répartition du temps, accès aux données, propriété intellectuelle, diffusion des travaux. L’objectif : garantir un équilibre entre recherche et action publique.

Le dispositif s’adresse à tout candidat éligible à une inscription en doctorat :
La labellisation COFRA, assurée par l’ANRT, atteste que chaque projet respecte les standards du dispositif. Les critères d’évaluation sont :
Les dossiers sont examinés chaque mois par un comité de labellisation. Le label prend effet à partir du 15 du mois suivant la validation. Un rapport annuel d’activité, signé par l’école doctorale et l’administration d’accueil, complète le suivi, avant une évaluation finale à trois ans.

Chaque doctorant bénéficie d’un parcours d’intégration spécifique, intégré à sa formation doctorale, incluant :
Voir les modalités complètes dans leGuide COFRA – Cadre, critères et conditions de labellisation (Oct. 2025).
Voici deux exemples emblématiques qui illustrent la diversité des parcours et l’intérêt stratégique du programme pour l’administration.
« Être au sein de l’administration permet de se tenir informé des chantiers en cours, d’assister à certaines réunions ou encore d’échanger directement avec les acteurs. L’enjeu, c’est de ne pas être un “stagiaire ++”, mais un chercheur dont les missions administratives nourrissent la réflexion scientifique. »Parmi les premiers à signer une convention COFRA, Elias Habib mène une thèse intitulée « La construction de territoires de l’enseignement supérieur et de la recherche », sous la direction de Christine Musselin et Jérôme Aust (Sciences Po / CNRS), en co-encadrement avec la DGESIP. Son parcours illustre la double immersion entre administration centrale et laboratoire, où la recherche nourrit directement la conception des politiques publiques.
— Elias Habib, doctorant en sociologie, Sciences Po / Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Tarinda BAK, doctorante au Conservatoire national des arts et métiers et chargée de projet scientifique en sécurité défense évoque sa thèse COFRA (convention de formation par la recherche en administration) qui l'associe au Centre de recherche de la gendarmerie nationale et à l'Équipe Sécurité & Défense - Renseignement, criminologie, crises, cybermenaces.
[Interview tournée lors de la Journée dédiée aux CIFRE-COFRA par le Campus Innovation de l'Université de Rennes le 7 mars 2025.]
Source : Doctorat Bretagne – YouTube
Le dispositif COFRA n’est pas qu’un programme : c’est un changement de paradigme. Il ouvre les administrations à la culture de la recherche, renforce leurs capacités d’analyse et d’innovation, et offre aux docteurs de nouvelles perspectives de carrière dans la fonction publique. Pour la communauté scientifique, c’est un terrain d’expérimentation appliquée, où la recherche trouve un ancrage concret dans la décision publique.
L’ABG y voit ainsi un outil de décloisonnement majeur, en parfaite cohérence avec sa mission : favoriser la mobilité intersectorielle des chercheurs et valoriser la diversité des carrières doctorales.