Doktor-boom en Norvège

Gael Dubus

Les études doctorales se sont répandues en Norvège et le nombre de diplômes décernés au cours de la période 1990-2006 (environ 11 000) représente plus des deux tiers du total de docteurs diplômés depuis l’origine du recensement.

En retard sur ses voisins scandinaves dans les années 1990, la Norvège compte actuellement une proportion de diplômés formés par la recherche plus élevée que jamais car des conditions sont réunies pour attirer les étudiants vers la formation doctorale. Premièrement, les pouvoirs politiques norvégiens souhaitent consacrer 3% du PIB à la R&D, dont un tiers provenant des dépenses publiques. Deuxièmement, chaque doctorant bénéficie d’un financement couvrant la majeure partie de son cursus. Associé à la qualité de vie en Norvège (classée deuxième pour l'Indice de Développement Humain en 2007) ce confort attire de nombreux étudiants étrangers. D’après le registre des doctorats (Doktorgradsregistret), la proportion de non Norvégiens parmi les docteurs est passé de moins de 10% en 1990 à plus de 20% aujourd’hui, et ce sont notamment ces doctorants étrangers qui contribuent majoritairement à la récente augmentation du nombre de docteurs. Outre cette ouverture à l'international, la Norvège a amélioré la parité entre hommes et femmes. La proportion de docteures est passée de 10% du total des diplômés dans les années 1970 à environ 40% au cours des dernières années.

La Norvège touchée par le L,M,D
Les anciens diplômes norvégiens ont été remplacés en l'espace de quelques années par le cursus normalisé du Ph.D. qui seul, subsistera à partir de 2008. La répartition des effectifs suivant les disciplines évolue également. Les sciences physiques et naturelles, les mathématiques et la technologie représentaient 40% des docteurs diplômés entre 1990 et 2006, les lettres et sciences sociales environ 30%, la médecine 25% et l'agriculture et la médecine vétérinaire 5%. Toutes ces disciplines voient leurs effectifs augmenter, mais cette progression est particulièrement marquée en lettres et sciences humaines et sociales (LSHS) tandis qu'elle est plus faible pour les disciplines technologiques. Ce phénomène peut être mis en relation avec l’accroissement du nombre des docteures, plus nombreuses que les hommes dans les domaines des LSHS, tout comme en France.

Une insertion professionnelle aisée
En Norvège, la formation par la recherche débouche traditionnellement vers l’université ou les instituts de recherche. 40% des docteurs diplômés entre 1990 et 2002 travaillaient en 2003 dans l'enseignement supérieur et 20% en R&D, une catégorie regroupant à la fois les instituts de recherche privés et les entreprises. Néanmoins, le besoin en personnel qualifié donne l'occasion aux docteurs d’être embauchés dans des administrations ou des services publics ainsi que dans les industries pétrolières. Bref, en Norvège, les docteurs n’ont guère de souci pour s’insérer. Un an après leur diplôme, 90% des docteurs ont un emploi. Cependant, l'âge moyen des docteurs, très élevé par rapport à la France, laisse supposer que beaucoup d'entre eux s'y trouvaient déjà avant de commencer leur thèse. En effet, alors que le nombre d'années d'études supérieures est similaire - de 7 ans en sciences à presque 13 ans en médecine, les docteurs soutiennent à un âge variant entre 33 ans en technologie à plus de 42 ans en lettres. Pourquoi poursuivre des études aussi longues ? Outre une spécialisation accrue qui leur permet d’intégrer un secteur qui les intéresse, cela leur donne incontestablement la possibilité de négocier un salaire plus élevé.