Le passage à l'acte

Evelyne Jardin

De l’automatique à la bio-informatique, de la recherche à la direction d’une spin-off, Catherine Bounsaythip ne s’accommode guère de la routine.

Catherine Bounsaythip vient de réintégrer le Valtion Teknillien Tutkimuskeskus (VTT) après un an de congé sabbatique pris pour créer une entreprise : Zora Biosciences Oy qui développe des bio-marqueurs pour détecter précocement le diabète et les maladies cardio-vasculaires. En dépit des apparences, Catherine n’est pas biologiste. Pendant sa thèse en automatique, elle s’intéressait aux algorithmes génétiques. Quand elle arrive au VTT, elle est intégrée à un gros projet de recherche européen de cinq millions d’euros sur la création d’un logiciel de traduction automatique. France Telecom R&D et la SNCF font partie du consortium.

Reconversion

En 2001, Catherine subit les contrecoups de l’éclatement de la bulle Internet : les projets en informatique s’assèchent. Elle commence à travailler sur des outils appliqués au biomédical. Deux ans plus tard, le Dr. Matej Oresic, un spécialiste en métabolomique est invité à VTT. Il monte une équipe en bio-informatique et cherche des informaticiens. Catherine est sur les rangs. Deux ans passent et un logiciel sort du labo. L’équipe concourt au prix de l’innovation du VTT (avec 50 k€ à la clef pour démarrer la commercialisation), mais le logiciel doit être utilisé par des experts, ce qui réduit son marché. Le premier prix leur échappe. Pas du genre à baisser les bras, Catherine repart à la pêche aux financements. Une subvention de 40 k€ provenant de Tekes et de Sitra est décrochée pour réaliser une étude de marché. Ne pouvant pas compter sur des consultants externes, Catherine retrousse ses manches, rédige elle-même le business plan, le soir, tout en cumulant ses fonctions de chercheur et de directrice adjointe de Zora. « Faire du business en Finlande, ce n’est pas facile a-t-elle pu constater, car le marché est très étroit. Par contre, pour la recherche et l’innovation, c’est parfait. On a le temps de réfléchir et de rêver pour être vraiment créatif ».

Sur les rails
La spin-off est maintenant sur les rails grâce au soutien financier de VTT Ventures et d’un investisseur slovène intéressé avant même la création officielle de l'entreprise. Elle compte cinq salariés à temps plein et elle est partie-prenante dans trois projets européens. Catherine s’en est retournée au VTT. Quelle est la prochaine étape ?

MINI CV
1998 : doctorat puis post-doc à VTT Informatique
2003 : chercheur senior à VTT Biotechnologie
2006 : PDG de Zora
2007 : congé sabbatique du VTT et chef des opérations de Zora
2008 : retour à VTT