Enjeux, perspectives et actions pour la valorisation du doctorat en France. Retour sur l’intervention de Sylvie Pommier à l’Assemblée Générale de l’ABG 2025.
L’Assemblée Générale de l’ABG 2025 a été l’occasion d’un échange riche et de nombreuses discussions de fond autour des problématiques actuelles liées au doctorat en France. L’intervention de Sylvie Pommier, aujourd’hui Coordinatrice du Doctorat au MESR (et anciennement Vice-Présidente de l’ABG et Présidente du RNCD), a particulièrement marqué les esprits par la profondeur de son analyse et la pertinence des propositions avancées.
Cet article vous propose un retour synthétique sur les idées marquantes de cette intervention, replacée dans le contexte plus large des défis auxquels fait face la communauté doctorale française.

Contexte général : un doctorat en quête de reconnaissance et d’adaptation
Reconnaissance professionnelle et création d’intitulés d’emploi spécifiques
Mobilité internationale et insertion professionnelle
Projets innovants pour la valorisation du doctorat
Simplification réglementaire et autonomie des établissements
Communication et image du doctorat
Contexte général : un doctorat en quête de reconnaissance et d’adaptation
Le doctorat, diplôme phare de la recherche et de l’innovation, rencontre en France plusieurs obstacles à sa pleine reconnaissance professionnelle, notamment hors du milieu académique. Malgré la qualité scientifique indéniable des docteurs, leur insertion sur le marché du travail reste complexe, souvent marquée par une méconnaissance des compétences acquises et une image parfois négative du doctorat dans l’opinion publique. Par ailleurs, la mobilité internationale des docteurs, avec un départ significatif vers les États-Unis (sauf développements récents…) ou d’autres pays européens, pose la question de la valorisation et de la rétention des talents sur le territoire national.
Dans ce contexte, la nécessité d’une réforme culturelle et réglementaire, visant à simplifier les cadres existants, renforcer la confiance dans le diplôme, et mieux accompagner les parcours professionnels des docteurs, s’impose plus que jamais.
Les points clés de l’intervention...
Reconnaissance professionnelle et création d’intitulés d’emploi spécifiques
La reconnaissance du doctorat dans le monde professionnel, en dehors du milieu académique, reste un défi majeur. La création d’intitulés d’emploi spécifiques, mieux adaptés à la diversité des compétences des docteurs, apparaît comme une piste pour faciliter leur intégration en entreprise. Toutefois, cette mesure ne suffira pas sans une meilleure compréhension de la valeur du doctorat par les ressources humaines. Ces dernières, souvent peu familières avec le profil des docteurs, peuvent les percevoir comme trop étrangers aux codes de l’entreprise. Ce constat souligne l’importance d’un travail de sensibilisation et de valorisation et de vulgarisation à la fois de la part des docteurs lors de leurs démarches, mais également auprès des RH, ainsi que le rôle clé des ambassadeurs du doctorat, chargés de promouvoir des pratiques exemplaires tant auprès des étudiants que dans les entreprises.
Mobilité internationale et insertion professionnelle
Le départ massif des docteurs vers l’étranger, en particulier les États-Unis et d’autres pays de l’OCDE, soulève de vives inquiétudes quant à une possible « fuite des cerveaux ». Ce phénomène s’explique notamment par des conditions d’emploi moins attractives en France et une reconnaissance encore insuffisante du doctorat dans le secteur privé. Si certains voient dans cette mobilité internationale une opportunité d’échanges et de valorisation à l’échelle européenne, tous s’accordent sur la nécessité de renforcer les dispositifs de rétention et d’accompagnement pour préserver ces talents. Parmi les pistes envisagées, l’instauration d’un cadre européen harmonisé pour la reconnaissance du doctorat apparaît comme une solution prometteuse.
Projets innovants pour la valorisation du doctorat
Plusieurs initiatives ont été présentées, illustrant une volonté forte d’améliorer la visibilité et la valorisation du doctorat, ainsi que le parcours doctoral lui-même :
- projet d'assistance numérique dans les démarches administratives : il vise à simplifier et accompagner numériquement les démarches administratives liées au doctorat en facilitant la circulation des informations entre systèmes existants, évitant ainsi de fournir plusieurs fois les mêmes documents (par exemple, une pièce déposée pour une candidature pourra être réutilisée pour un titre de séjour).
- Réseau d’ambassadeurs du doctorat : un dispositif clé pour valoriser la diversité des parcours professionnels des docteurs. Composé d’une cinquantaine de personnes sélectionnées pour leur engagement et leur aptitude à promouvoir le doctorat, ce réseau visera à partager les bonnes pratiques et à inspirer tant les étudiants que les acteurs institutionnels. En se réunissant régulièrement, ces ambassadeurs échangeront sur leurs actions et partageront des exemples concrets de réussites, contribuant ainsi à mieux faire connaître les multiples débouchés du doctorat et à encourager des pratiques vertueuses dans le milieu académique et professionnel.
- Indice d’intensité culturelle et doctorale : un outil innovant (en phase d’expérimentation dans plusieurs entreprises) pour mesurer et valoriser la présence et l’impact des docteurs en entreprise, notamment dans la R&D (mais également au-delà), avec l’objectif, à terme, d’intégrer éventuellement cet indicateur dans des dispositifs tels que le Crédit Impôt Recherche.
Simplification réglementaire et autonomie des établissements
La simplification réglementaire apparaît comme une priorité pour renforcer la qualité du doctorat. L’idée est de recentrer les règles sur les éléments essentiels — environnement scientifique, encadrement, admission, suivi et soutenance — tout en allégeant ou supprimant les dispositions jugées superflues. Par ailleurs, une plus grande autonomie serait accordée aux établissements pour gérer localement l’organisation, afin de gagner en efficacité. Si cette approche suscite des inquiétudes quant à une possible disparité de qualité entre universités, elle répond aussi à une complexité réglementaire actuelle qui nuit à la lisibilité et à la valorisation du doctorat, souvent entaché de préjugés sur des formations « complaisantes ». Une communication claire et accompagnée est jugée indispensable pour réussir cette réforme.
Communication et image du doctorat
Sur le plan de l’image, le doctorat souffre encore d’une perception négative ou méconnue hors du milieu académique. Une communication ciblée est nécessaire pour mettre en avant les compétences scientifiques et transversales des docteurs, adaptée aux différents publics, qu’il s’agisse des étudiants, des PME ou du grand public. Le rôle des ambassadeurs du doctorat est central : ils témoignent de parcours professionnels variés et inspirants, notamment en entreprise, contribuant ainsi à valoriser la diversité des trajectoires. Toutefois, plusieurs intervenants rappellent que la communication ne suffira pas sans une amélioration concrète des conditions d’emploi et de reconnaissance dans le monde professionnel.
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