Les fonctions sociales de l'entreprise à l'épreuve des chaînes de valeur // The social functions of the firm at the heart of value chains

Les activités productives tendent à s'organiser tout au long de chaînes de relations directes ou indirectes entre des entreprises donneuses d'ordre et leurs sous-traitants et fournisseurs. Or, l'intégration des entreprises au sein de structures polymorphes – groupe de sociétés, réseaux de distribution, ensemble de relations plus informelles – remet en cause la figure de l'entreprise unitaire de type « fordiste » comme point d'imputation pertinent des obligations et responsabilités légales. Face à un risque d'inadaptation structurelle des institutions traditionnelles du droit social, des auteurs ont proposé de reconfigurer les obligations et responsabilités des employeurs en fonction de l'effectivité de leur pouvoir économique au sein des réseaux mais aussi de redessiner les espaces de représentation collective.
Les évolutions du droit ont en partie suivi ces préconisations en instituant de nouveaux cadres de représentation dépassant les frontières de l'entreprise (niveaux du groupe, de l'unité économique et sociale ou l'espace « interentreprises ») ou en élaborant des normes tendant à responsabiliser les entreprises placées à la tête de chaînes de valeur (loi n° 2017-399 du 27 mars 2017 « relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre » ; directive (UE) 2024/1760 du Parlement européen et du Conseil du 13 juin 2024 sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité).
En marge de ces évolutions normatives, les pratiques des acteurs font également évoluer les fonctions sociales des entreprises inscrites dans les chaînes de valeur. Au plan territorial (à travers le développement d'un « dialogue social territorialisé »), des entreprises usent de divers procédés juridiques pour instituer des formes de statuts sociaux adaptés à la mobilité sociale et professionnelle au sein de chaînes de valeur. Au plan international, les chaînes de valeur font l'objet d'accords-cadres internationaux – négociés en dehors de tout cadre normatif défini – qui visent à promouvoir les droits sociaux des travailleurs.

Par-delà leur diversité, ces évolutions normatives et ces pratiques tendent à opérer un réajustement des fonctions sociales des entreprises inscrites au cœur de chaînes de valeur. Une théorie d'ensemble de ces nouveaux dispositifs doit dès lors encore être entreprise afin d'analyser les forces et faiblesses d'un droit social émergent des chaînes de valeur et d'en imaginer les évolutions possibles et nécessaires.
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Productive activities tend to be organised along chains of direct or indirect relationships between contracting companies and their subcontractors and suppliers. However, the integration of companies into multifaceted structures – groups of companies, distribution networks, more informal relationships – calls into question the concept of the ‘Fordist' model of the firm as the relevant point of allocation of legal obligations and responsibilities. Faced with the risk of structural inadequacy of traditional social law institutions, authors have proposed reconfiguring employers' obligations and responsibilities according to the effectiveness of their economic power within networks, but also redesigning the spaces for collective representation.
Developments in the law have partly followed these recommendations by establishing new frameworks for representation that go beyond the boundaries of the company (group, economic and social unit or ‘inter-company' levels) or by developing standards aimed at making companies at the top of value chains more accountable (Law No. 2017-399 of 27 March 2017 on on the duty of care of parent companies and contracting companies'; Directive (EU) 2024/1760 of the European Parliament and of the Council of 13 June 2024 on the corporate due diligence principles on sustainability).
Alongside these regulatory developments, the practices of actors are also changing the social functions of companies in value chains. At the territorial level (through the development of a ‘territorialised social dialogue'), companies are using various legal processes to establish forms of social status adapted to social and professional mobility within value chains. At the international level, value chains are subject to international framework agreements – negotiated outside any defined regulatory framework – which aim to promote workers' social rights.
Beyond their diversity, these normative developments and practices tend to readjust the social functions of companies at the heart of value chains. A comprehensive theory of these new mechanisms must therefore be developed in order to analyse the strengths and weaknesses of an emerging social law of value chains and to imagine possible and necessary developments.
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Début de la thèse : 01/10/2025

Contrat doctoral

Concours pour un contrat doctoral

Université de Reims Champagne - Ardenne

555 Ecole Doctorale Sciences Humaines et Sociales

Capacité à lire et analyser des décisions de justice, articles de doctrine, ouvrages. Excellente capacité de rédaction.
Ability to read and analyse court rulings, academic articles and books. Excellent drafting skills.